Quel avenir pour la formation ?

 

Les deux années qui viennent de s’écouler ont été marquées par la mise en œuvre non aboutie de la réforme de la formation professionnelle de 2014, un nouveau projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » en cours de discussion, sans oublier la loi NOTRe qui n’a pas facilité notre quotidien face aux difficultés conséquentes liées à la fusion des trois ex Régions.

Toutes ces turbulences obligent nos organisations à réinterroger leur mode d’organisation mais aussi leur positionnement et leur vocation. Pour autant, les constats sont toujours les mêmes :

–       Baisses budgétaires de la commande publique

–       Financement à l’heure stagiaire présent

–       Appels d’offres incessants, tentation du moins disant

–       Guerre de pouvoir entre l’Etat, Pôle Emploi, les partenaires sociaux et la Région

–       Baisse significative des prescriptions, notamment sur le champ préparatoire mais également sur les actions qualifiantes, due à une superposition de dispositifs à destination du même public, en particulier les jeunes : Garantie Jeunes mise en œuvre par les missions locales, actions dans le cadre de l’IEJ, accompagnement intensif des jeunes internalisé par Pôle Emploi (AIJ), formation nouvelle chance par l’alternance mise en œuvre par l’AFPA, accompagnements de l’EPIDE…

–       Opacité et précipitation du plan 500 000 puis 200 000 etc…

Malgré nos efforts, nous avons atteint nos limites et peinons à trouver un modèle économique viable. Actuellement, au vue des modalités d’achat et du manque de prescriptions, le risque économique pèse quasi exclusivement sur nos épaules.

Ainsi, entre mai 2016 et juin 2018 de nombreux bouleversements ont encore traversé notre réseau :

  • Fermeture de l’APP de Bayonne
  • Fermeture du secteur formation du Foyer de Jeunes Travailleurs de Tulle
  • Fermeture de LABO-APSP
  • Changement de direction dans plusieurs organismes : AFEPT / INSTEP
  • Etc…

Deux années de mandat renouvelées et toujours dans la tourmente ! Mes pensées accompagnent plus particulièrement Gilles Sivry qui a œuvré avec engagement comme secrétaire de l’UROFA mais a dû nous quitter suite à son départ de l’AFEPT et Virginie Tisserand, trésorière adjointe, qui a quitté l’INSTEP.

Pour autant, ces deux années ont aussi été révélatrices de nouvelles solidarités et de collaborations actives dans l’intérêt de nos structures et des publics accueillis. Je citerai :

  • La reconnaissance croissante de l’UROFA et de son action par l’ensemble des commanditaires et partenaires
  • Le travail engagé avec le Conseil Régional Nouvelle Aquitaine sur les modalités d’achat et contenus des cahiers des charges, notamment le PIC
  • Notre réponse collective sur les actions « Accès à l’emploi du secteur privé »
  • La venue de nouveaux adhérents liée à notre ouverture géographique, à une meilleure visibilité de notre action et en conséquence de l’utilité du travail de l’UROFA
  • Le renforcement de notre implication dans la réflexion et l’action au sein de la Fédération des UROF, notamment l’écriture et la présentation du livre blanc « Quel avenir pour la formation ? Quel parcours pour les personnes ? Quel rôle pour les organismes de formation ? », accueilli favorablement par les pouvoirs publics
  • Le rejet du recours déposé par la FFP remettant en cause l’habilitation CléA de notre réseau.

 

D’autre part, l’année 2017 a été marquée par la représentativité du SYNOFDES et son accession à la gestion des instances paritaires qui participe à dynamiser un dialogue social réduit jusqu’alors à un seul interlocuteur patronal dans la branche.

La formation est l’un des facteurs du progrès humain vu de manière collective comme individuelle. C’est aussi un enjeu sociétal comme social et les différentes réformes de la formation professionnelle, ainsi que celles du système éducatif, en témoignent. Il en est d’autant plus question aujourd’hui que les formes d’emploi se transforment, que les transitions technologiques, tout particulièrement numériques, impulsent une évolution rapide des compétences et que le parcours des actifs est jalonné d’expériences et d’immersions dans des univers professionnels divers.

Aussi, un rapprochement de la Fédération Nationale des UROF et du SYNOFDES parait maintenant incontournable pour faire nombre et être porteur d’un projet auprès des pouvoirs publics dans un contexte où la formation professionnelle doit être repensée et pilotée en tenant compte des mutations de l’environnement social et économique.

Le nombre d’actions et de combats à mener auprès des différentes instances en charge de la formation professionnelle est considérable. Espérons qu’il sera porteur de résultats et participera à une accessibilité universelle de la formation professionnelle, non dictée par les lois du marché mais promue pour des nécessités de justice sociale et de promotion de l’individu afin que chacun puisse évoluer dans le champ économique global et se donner les moyens de son appartenance à la société.

A mon niveau, j’ai essayé, avec le soutien du bureau, de répondre à toutes les demandes d’intervention que vous m’avez adressées. Je l’ai fait du mieux possible, toujours avec intérêt et détermination, l’appui que j’ai pu vous apporter faisant partie du mandat que vous m’avez confié et vous remercie toutes et tous pour votre engagement au sein de l’UROFA.

Je voudrais enfin, en votre nom à tous, rendre hommage à Roland Polge, Président de l’UROFA de 2004 à 2010. Fervent défenseur de l’intérêt général, il savait porter les valeurs de partage et de solidarité. Très investi dans de nombreux dossiers, il a toujours mis son temps au service des autres. Malheureusement la vie est souvent dure avec les personnes qui donnent beaucoup d’elles-mêmes. Il méritait de profiter bien plus de sa retraite ! Nous garderons de lui sa gentillesse, sa bienveillance, son humanisme, sa sérénité et son sourire.

Muriel Pécassou

Présidente de l’UROFA

Le 11 juin 2018